La majorité des gens de banlieue ont abandonné à mi-parcours, parce que ce n’était pas leur délire et qu’ils ne se sentaient pas dans leur environnement. La mentalité, les principes et les valeurs morales, tout était bien trop différent. L’esprit de compétition entre les étudiants, les notes classées, la condescendance de certains profs… Ils n’ont pas supporté cette ambiance élitiste.
Une fois, je me souviens, j’étais avec une camarade et elle me parlait en mode « yo, wesh wesh, tchip, je suis une meuf de la cité ». Je trouvais ça tout sauf drôle. Qu’est-ce que ça signifiait ? Parce que je venais de la banlieue, on me collait une étiquette de fille qui ne savait pas bien s’exprimer ? Quand j’avais le malheur de me plaindre ou de m’énerver, on me disait : « Vous les Noirs, vous vous énervez trop rapidement ».
« Je me devais d’être à la hauteur »
La prépa, ce n’était pas mon délire, mais je suis parvenue à m’adapter tout en restant fidèle à moi-même. Je n’ai jamais abandonné, même si je ne me sentais pas à ma place. Ce qui m’a permis de garder la tête haute et de ne pas abandonner, c’est ma ténacité et ma détermination à réussir une formation à la fois exigeante et prestigieuse, pour laquelle je n’étais pas pressentie.