« En prépa, j’étais perçue comme une banlieusarde »

Je me suis rendu compte de la chance que j’avais de venir de banlieue. Je me devais d’être à la hauteur ! Dans ma ville, tout le monde ne fait pas de grandes études. J’étais un vrai modèle pour mes amis et les grands du quartier qui ont arrêté les études très tôt pour dealer de la drogue. Un jour, ils m’ont vue rentrer chez moi, et ils m’ont appelée « l’intellectuelle ». Ils me disaient : « Tu es courageuse. Continue comme ça, on est fiers de toi, tu es la fille la plus intelligente qu’on connaisse ». Et ça me faisait plaisir dans le fond, parce que j’avais le sentiment d’avoir accompli quelque chose, après tous les sacrifices que j’ai été amenée à faire pour mes études. Pour le moment, je n’ai encore rien accompli professionnellement, si ce n’est être vendeuse dans une boutique de fringues. Je suis en troisième année de licence de lettres modernes à l’université de Nanterre. Mais je compte bien atteindre mes objectifs et cela, peu importe le milieu d’où je viens.