Education nationale : «9-3», v’là les renforts des grandes écoles

Pour les titulaires de l’établissement de Jules Castro, le prof de maths issu de la première cohorte, qui ont vu passer nombre de ces enseignants précaires, les candidats de Teach for France ont d’abord un statut à part. «Jules est excellent, y a rien à dire, lance Cyril (1), le professeur d’EPS du collège. Mais je trouve le projet un poil élitiste et, surtout, c’est injuste pour les autres contractuels malléables à merci qu’on place souvent sur plusieurs établissements à la fois.» De fait, dans le cadre de sa convention avec le rectorat de Créteil et le ministère de l’Education, l’association a obtenu de connaître l’affectation de ses contractuels avant leur université d’été et de les maintenir tout du long dans un même établissement. Certains d’entre eux ont aussi été placés par paires. Un cadre nécessaire pour que la formation fasse sens et que les candidats ne prennent pas leurs jambes à leur cou.

Silence contraint

Alors, pour éviter de passer pour des privilégiés sur leur lieu de travail, certains enseignants Teach for France préfèrent taire leur origine. Un silence contraint qui n’a pas empêché treize d’entre eux de vouloir changer de cap professionnel pour de bon, et de se présenter au concours de la fonction publique. S’ils l’obtiennent, ils deviendront titulaires stagiaires dès l’année prochaine tout en restant dans le programme de la rue du Petit-Musc. Ingénieure en énergie de formation, Delphine (1) fait partie de ces convertis et entend faire carrière dans l’éducation. Quant à Jules Castro, il hésite encore. Il se verrait bien s’investir davantage pour La République en marche à côté de ses cours. «Ce dont je suis sûr, en revanche, c’est qu’à la rentrée prochaine, je m’y prendrai complètement différemment avec mes nouveaux élèves.»

(1) Les prénoms ont été modifiés.

Par Lina Rhrissi. Publié le 22/06/2017 sur Libération.fr