A Halle, après l’attentat contre une synagogue et un restaurant turc : « Ici, l’extrême droite est super forte »

Angela Merkel lors d’un hommage aux victimes de l’attentat de Halle, ici à la grande synagogue de Berlin, le 9 octobre.  CHRISTOPH SOEDER / AP

Rainer, retraité, venu lui aussi déposer une bougie, mercredi soir, se dit au contraire « très surpris ». Certes, il sait qu’« il y a toujours eu des néonazis » dans cette région d’ex-RDA où le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) dépasse les 25 % dans nombre de petits bourgs. Mais « même en cherchant très loin dans sa mémoire », il n’a « pas souvenir d’une telle violence ». A 63 ans, il a l’impression qu’« un palier est en train d’être franchi », citant le meurtre de Walter Lübcke, préfet de Cassel, dans le Land de Hesse, tué d’une balle dans la tête par un néonazi, en juin. « A Cologne, Francfort ou Berlin, ça ne m’aurait pas étonné. C’est comme vous à Paris, après le Bataclan, vous savez que vous pouvez vous attendre à tout. Mais à Cassel ou Halle, on croyait justement qu’on était préservé de ces horreurs », abonde un étudiant, à quelques mètres de là.

« Qu’est-ce qu’on fait après ? »

Comme d’autres, ce jeune homme, qui accepte de parler que s’il n’est pas cité – « parce qu’on ne sait jamais » –, insiste néanmoins sur le fait que le bilan aurait pu être bien pire. Certes, il n’a pas vu la vidéo de la fusillade que le tueur, équipé d’un casque et en tenue militaire, a lui-même diffusée en direct pendant trente-cinq minutes sur Internet, selon un mode opératoire rappelant l’attentat contre deux mosquées de Christchurch (Nouvelle-Zélande), commis en mars par un Australien d’extrême droite. Mais il en a lu le compte rendu sur les sites d’information. Et il en retient surtout que « le type n’était visiblement pas très pro », car « il n’a même pas réussi à entrer dans la synagogue », où se trouvaient 70 à 80 personnes, qui n’ont été évacuées qu’en fin de journée.