En classe de première, je suis tombé sur une interview d’Amélie Nothomb à la télévision. Elle parlait des lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke comme d’un livre qui avait « changé sa vie ». Je me suis demandé : « C’est quoi ce concept ? Comment un truc entassé sur une étagère peut-il changer une vie ? Est-ce qu’il y a un truc magique dans ce bouquin ? » Alors, j’ai eu la curiosité d’aller chercher le livre au CDI. Je l’ouvre et là, grosse claque : je ne comprends rien du tout. J’ai demandé conseil à mon prof de français qui m’a dit de chercher les mots que je ne comprenais pas dans le dictionnaire. Je sentais, en tout cas, qu’il y avait là un discours que je n’avais jamais entendu. Rilke dit au « jeune poète » : on s’en fiche de mon avis, ce qui compte, c’est ce que tu as au fond de toi.
« Vous n’avez pas de bagage culturel »
Quand j’ai intégré le programme d’aide aux concours de Sciences Poavec une dizaine de lycéens, ça a été un nouveau choc. Je me suis dit que je n’étais pas cultivé, comme mec. Je me sentais totalement illégitime, incapable, bête. Nos profs nous ont dit : « vous n’avez pas de bagage culturel, on va remédier à cela. » C’était étrange comme programme. Mais je m’y suis attelé. Pour acquérir cette « culture », j’ai lu énormément de bouquins, à l’école mais aussi pour moi, dans ma chambre. J’étais fasciné par tout ce que je lisais : Flaubert, Camus, Yasmina Khadra, Philippe Sollers… J’ai aussi énormément écouté de musique. Tous les styles, mais surtout la musique classique. Elle me touche énormément. Pendant la période du bac, j’allais très mal et le classique a toujours été une délivrance pour moi.