« C’était pas du vrai humanitaire, mais ça m’a apporté plein de choses »

Il contribue à la construction identitaire d’une jeunesse favorisée consciente de ses privilèges, mais soucieuse d’en faire bénéficier ceux qui en ont moins. En cela, le séjour humanitaire peut être analysé à l’aune du « nouvel esprit du capitalisme »

Caricature de la « volontaire hippie » passant un entretien d’embauche, campagne publicitaire pour Solidarités internationales, 2013.

Dans et en-dehors de leur entre-soi, par les récits héroïques et enthousiastes de leurs missions, et par la diffusion de photographies les mettant en scène « au milieu des pauvres », les participant·e·s se présentent comme des jeunes adultes généreux et responsables, mus par des valeurs humanistes qui les prémunissent des potentielles critiques sur leurs pratiques et leurs modes de vie bourgeois.

« Je suis un petit bourge, c’est vrai, je vis qu’avec des bourges, dans un quartier parisien de bourge. Alors j’assume, c’est vrai, et en même temps quand je vais à des soirées et qu’y a des gens un peu différents… et que j’entends, ici, et là, les critiques qu’on fait, du genre… ouais, les riches, les gosses de riches, tout ça, les sales gosses de riches… bon bah forcément ça me fait pas plaisir car moi, je suis différent. J’ai pas été en mission humanitaire pour rien. Alors c’est sûr, c’était pas du vrai humanitaire, mais ça m’a apporté plein de choses. Je suis ouvert. Je sais ce que c’est d’être pauvre, je pense, un peu plus que certains. Au moins, mon fric, bah je le claque pas… je sais pas, dans les costumes de rallye, dans… les montres, enfin, pas pour moi, j’en fais profiter les autres. Faire de l’humanitaire, ça a du sens pour moi, j’ai une morale tu vois, j’ai pas été éduqué comme certains petits cons. »

Stanislas, rencontré à Paris en 2013, a participé à l’âge de 20 ans à une mission humanitaire d’un mois au Cambodge. Il suscite l’admiration de ses amis qui, selon lui, « regrettent d’être partis à Bali se dorer la pilule ».