Cette réflexion m’est restée en tête. Dans les premiers jours de la crise, les informations étaient parcellaires et les rumeurs abondantes. L’Etat Rakhine, d’où fuyaient les Rohingyas, était interdit d’accès à la presse étrangère, à l’exception de visites organisées excluant toute vérification indépendante des faits.
Comment pouvions-nous savoir si ce que nous entendions était un récit de première main ou une rumeur exagérée?
L’interview d’une personne dans un camp de réfugiés tournait vite au débat public, avec des interventions de toute part, et les témoignages de faits parfois contradictoires qui brouillaient le récit.
Mais tout au long de la frontière, jour après jour, dans la bouche de ceux qui arrivaient par la terre, la rivière ou la mer, les premiers témoignages se sont révélés horriblement similaires.