Et quels conseils donneriez-vous à votre successeur ?
P. H.Je vais éviter de lui donner des conseils. La seule chose que je veux dire, c’est qu’il faut avoir le sens de l’équilibre : être dans le plaidoyer et en même temps, négocier avec les pouvoirs publics.
Revenons sur le quart de siècle que vous avez vécu aux commandes de l’organisation. Qu’est-ce qui a profondément changé ?
P. H.Nous avons assisté à une accélération des tensions autour de la question migratoire. L’accueil renvoie à une notion de partage des ressources disponibles. Et aujourd’hui, nous sommes entrés dans un cycle culturel très préoccupant. En France avec Le Pen (crédité dans les sondages pour la présidentielle de 2022 de 45 % des voix), aux États-Unis avec Trump, au Brésil avec Bolsonaro, nous sommes en présence d’un très fort courant populiste. Même dans les catégories bien éduquées, il y a souvent la recherche de boucs émissaires. Dans le même temps, il y a un grand besoin d’accueil. Selon un rapport récent du HCR, 80 millions de personnes sont déplacées dans le monde, soit deux fois plus qu’il y a dix ans.