Le docteur m’assure que les hormones ne suffisent pas à expliquer une telle prise de poids. Je sais qu’il a raison mais je refuse de l’admettre. Il maintient son diagnostic et m’oriente sur de nouveaux dosages. Il me parle de boulimie et me laisse repartir.
Quelques semaines après cette rentrée de septembre 1996, je suis convoquée par mon professeur principal, la conseillère principale d’éducation et l’infirmière de l’établissement. L’équipe m’explique m’avoir fait une fleur en m’intégrant dans la classe de première scientifique dont l’essentiel du projet pédagogique s’organise autour d’une randonnée en moyenne montagne sur le mont Cenis. Les travaux de l’année reposent sur cette semaine dans la vallée de la Maurienne. D’après ces trois professionnels de l’éducation, j’ai privé un autre élève de cette belle opportunité de « classe rousse », une classe verte d’automne. Ils exigent de moi un certificat médical attestant mon aptitude à faire de la randonnée en moyenne montagne, sur des distances de 15 à 20 kilomètres. Je pleure et m’excuse. Ils me culpabilisent alors que j’ai besoin d’aide. Je m’en veux. Je leur en veux.