« L’ÉTÉ OÙ JE SUIS DEVENUE OBÈSE »

Mes parents ont une aversion pour le monde médical. Ils estiment que les seuls médecins valables sont les généralistes, les dentistes et les ophtalmologistes. Tout le reste relève selon eux de l’arnaque. Quand j’ai annoncé à mon père que j’allais voir un docteur pour maigrir, il a tordu la bouche et secoué la tête :

« Putain, fille, heureusement que c’est la Sécu qui régale, parce que moi j’t’aurais jamais payé un escroc qui va t’expliquer comment maigrir. Y a pas cinquante manières de faire : t’arrêtes de bouffer. Plus de Nutella au goûter ! Que du céleri et des carottes, point final. Va pas chercher plus loin. »

Au premier rendez-vous, le médecin prend ma mesure : 1,53 m pour 65 kilos. Il me prescrit une diète et des analyses sanguines. En voyant les menus-types du régime hypocalorique qu’il me propose, je comprends que ça va être très compliqué. Chez moi, on se nourrit grâce à l’aide alimentaire. « Batavia, limande, cabécou… Tu crois qu’ils ont ça, aux Restos du cœur ? », m’interroge ma mère quand je lui tends la liste du nutritionniste.