» Nous ne sommes pas en guerre, nous sommes en « care » »

Des interdépendances dont les réflexions menées sur l’anthropocène montrent qu’elles sont beaucoup plus étendues que ne le pensait la modernité, incluant non seulement tous les humains mais aussi les non-humains, et ceci à l’échelle planétaire. Et une vulnérabilité dont on voit bien qu’elle ne concerne pas que certaines catégories d’êtres subalternes dont il faudrait « prendre soin » – enfants, malades, vieux..etc. – mais une vulnérabilité qui, comme le montre cet épisode épidémique, concerne chacun tout au long de sa vie et concerne le monde lui-même – dans ses dimensions environnementales, économiques, géopolitiques. En ce sens, à l’ère de l’anthropocène, le care c’est ce qui permet d’articuler les dimensions féministes de l’analyse des rapports de genre avec les dimensions écologiques de l’analyse des interdépendances contemporaines.

Martine Aubry, édile de Lille et partisane d’une éthique du care en politique depuis les années 2010, ici le 15 mars 2020 lors du premier tour des élections municipales. Francois Lo Presti/AFP

Autrement dit, le care n’est pas réductible à des « histoires de bonne femme » faisant irruption en politique, ce n’est pas seulement de la sollicitude à l’endroit de certaines personnes vulnérables, et ce n’est pas non plus une juste réhabilitation des travailleuses et travailleurs du soin, c’est plus fondamentalement l’enjeu central de la définition de ce que sont ou devraient être les solidarités sociales à l’ère de l’anthropocène.