Notre enquête a confirmé les tendances mises en évidence par d’autres chercheurs français (Franck Frégosi, Claire de Galembert, Etienne Pingaud, etc.) : l’islam de France s’affirme de plus en plus comme une réalité locale. D’ailleurs, les attentats terroristes ont été aussi vécus par les musulmans français comme un moment de rapprochement avec les autres acteurs locaux : les élus, les préfets, la police de proximité, les associations de quartiers, les représentants locaux des autres confessions (catholique, protestante, juive, etc.), la presse régionale, etc. Au-delà des crispations identitaires et des replis anxiogènes, on a également pu observer de nombreux échanges entre voisins musulmans et non musulmans. Selon nous, c’est une donnée que les pouvoirs publics français ne prennent pas suffisamment en compte, y compris dans leur lutte contre les formes de radicalisations politique et religieuse : l’islam de France est de plus en plus un islam paroissial. Sur ce plan, nous avons pu observer la volonté de nombreuses associations et personnalités musulmanes locales de participer activement aux politiques de prévention contre le terrorisme. C’est d’ailleurs une observation qui doit servir de leçon aux responsables de la Fondation pour l’islam de France : celle-ci ne pourra fonctionner efficacement et produire des résultats probants que si elle s’efforce d’impliquer, d’une manière ou d’une autre, les acteurs locaux de l’islam de France, car ce sont eux qui dessinent le paysage musulman français de demain.
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