Au Maroc, l’espace public reste un enfer pour les femmes. Entretien avec la sociologue Safaa Monqid

Certains s’arrogent ainsi le droit de les agresser. Pour eux, elles ne sont là que parce qu’elles « cherchent les hommes », et ils se donnent ainsi le droit d’exercer sur elles différentes formes d’intimidation et de violence qui trouvent rapidement une justification sociale. Tout cela handicape les femmes dans leur rapport à l’espace public et est à l’origine de la gêne ressentie dans la rue. C’est l’une des raisons qui poussent les femmes à éviter de sortir seules, car elles se sentent vulnérables.

La rue, un territoire masculin

Tanger, Maroc, 2017 © Rachida El AzzouziTanger, Maroc, 2017 © Rachida El Azzouzi

Les femmes n’accèdent ainsi à l’espace public que parce que les hommes les y autorisent et dans certaines limites. Les hommes continuent à structurer leur identité dans la différenciation sexuelle, d’où leurs réticences à l’élargissement de l’appropriation des espaces publics par les femmes et d’où aussi cette séparation stéréotypée des sexes. Cela montre le poids sur eux des valeurs traditionnelles et de la mentalité patriarcale. La rue apparaît comme un territoire masculin. Si les femmes s’y aventurent, c’est à leurs risques et périls.