Au Maroc, l’espace public reste un enfer pour les femmes. Entretien avec la sociologue Safaa Monqid

Les femmes y vivaient dans l’anonymat. Elles étaient identifiées au foyer, dâr, sacré et inviolable, domaine de l’intime. Les petites ruelles, driba, étaient le prolongement de l’espace privé, elles protégeaient les lieux les plus sacrés : les habitations où vivaient les femmes. Ces dernières n’étaient pas seulement protégées dans l’espace de la médina aux ruelles étroites et obscures, mais aussi dans l’espace de l’habitation, qui était organisé autour du principe de fermeture. Il en est de même de l’espace de la ville. Elles ne peuvent y accéder qu’en la compagnie d’un « homme », par respect des normes et pour des raisons de sécurité.