Au total, Senghor aura ainsi passé deux ans dans des camps de prisonniers nazis ; temps qu’il consacrera à la rédaction de poèmes. Libre, il reprendra ses activités d’enseignant, et participera à la résistance dans le cadre du Front national universitaire.
Naissance d’un homme d’État
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il adhèrera au Parti Communiste, et prendra en parallèle la chaire de linguistique à l’École nationale de la France d’outre-mer qu’il occupera jusqu’à l’indépendance du Sénégal. Au cours d’un de ses voyages de recherche sur la poésie sérère du Sénégal, le chef de file local des socialistes, Lamine Guèye, lui proposera d’être candidat à la députation ; ce dernier acceptera, et sera élu député à l’Assemblée Nationale, où les colonies viennent d’obtenir le droit d’être représentées. Ainsi, représentant la circonscription du Sénégal et de la Mauritanie, il se démarquera rapidement de Lamine Gueye, notamment autour de la grève des cheminots de la ligne Dakar-Niger. En effet, alors que Gueye s’opposera à un mouvement social “paralysant” la colonie, Senghor soutiendra le mouvement ; ce qui lui vaudra à fortiori une grande popularité. Fort de son succès, il quittera l’année suivante la section africaine de la SFIO pour fonder, avec Mamadou Dia, le Bloc démocratique sénégalais (1948). Il remportera les élections législatives de 1951.