article publié sur le site licra.org, le 16 12 2019
La poésie de Senghor demeurera tout au long de son oeuvre intrinsèquement liée à son engagement pour la Négritude, désireuse de revaloriser une Afrique dépossédée de sa langue et de son histoire. Ainsi, pour considérer la poésie de Senghor on ne pourra dissocier le poète de l’homme politique. Son écriture évoluera au fil de ses recueils depuis la prise en compte de la culture noire en elle-même pour tendre vers un Absolu : l’avènement d’une Civilisation de l’Universel. Senghor se fera ambassadeur d’un esprit nouveau défendant un univers aux valeurs métisses. Au reste, bien qu’étiqueté « socialiste », Senghor se tiendra toujours à l’écart des idéologies trop marxiste et anti-occidentale devenues populaires dans l’Afrique postcoloniale — favorisant le maintien de liens forts avec la France et l’occident — ; beaucoup y verront là une contribution décisive dans la stabilité politique du pays (demeurant aujourd’hui encore une des rares nations africaines à n’avoir jamais connu de coup d’État, et des transferts de pouvoir toujours pacifiques).