L’obtention de ce « bout de papier » est révélatrice à elle seule de l’exclusion numérique que subissent des millions de Français, soudain aggravée par le confinement. Et la possibilité d’avoir, depuis le 6 avril, l’attestation sur smartphone n’améliore que peu leur situation.
« Ici plein de gens ne savent même pas envoyer un e-mail, alors vous imaginez télécharger et imprimer une, puis deux attestations ? Certains préfèrent sortir sans, au risque de prendre une amende. Mais jamais ils ne vous diront : je suis bloqué, je n’y arrive pas, je n’ai pas d’ordinateur », lâche Amina (dont le prénom a été modifié à sa demande). Cette habitante d’un quartier populaire de Chambéry (Savoie) vit seule avec son fils de 12 ans. A 500 km de là, Gwenaelle, 59 ans, en invalidité, ne dit pas autre chose : « J’ai besoin d’être accompagnée, c’est compliqué pour moi d’aller sur un site. » Difficile aussi d’envoyer des e-mails seule.