Le mouvement anti-esclavagiste à Lyon aux XVIII et XIX ème siècles

A la suite de cette proclamation d’abolition, des fêtes révolutionnaires célébrant l’émancipation des Noirs eurent lieu dans vingt-cinq villes de France, lesquelles célébrations ont été particulièrement étudiées par l’historien Jean-Claude Halpern (5). Lyon fut une de ces villes, quand bien même la situation de la cité était alors compliquée puisque, à la suite du soulèvement de la ville contre la Convention nationale, et le siège et les bombardements par l’armée de la Convention qui s’en suivirent entre le 22 août et le 9 octobre 1793 ( 65 000 hommes envoyés contre moins de 10 000 insurgés ), un décret du 12 octobre 1793 avait déclaré : «  La ville de Lyon sera détruite… Le nom de Lyon sera effacé du tableau des villes de la République. La réunion des maisons conservées portera le nom de Ville Affranchie… Il sera élevé sur les ruines de Lyon une colonne qui attestera à la postérité les crimes et la punition des royalistes de cette ville avec la mention suivante : Lyon fit la guerre à la Liberté. Lyon n’est plus » (6). La chute de Lyon ( dont le soulèvement n’avait pas été le fait des seuls « royalistes » mais aussi de républicains refusant les dictats de Paris ) entraina une répression féroce et sanglante, au cours de laquelle plus de 1 900 Lyonnais furent massacrés ( canonnés, mitraillés, fusillés, guillotinés ) et, pour partie, jetés au Rhône (7). C’est pourquoi on peut s’étonner de manière heureuse, en découvrant que les habitants de la « Ville Affranchie » furent néanmoins capables de se réunir, le 10 mars 1794, pour fêter la fin de l’esclavage dans les colonies et l’accession des Noirs à l’égalité et à la citoyenneté, lors d’une grande « Fête de l’Egalité ». On dispose de la relation de cet événement que firent, le lendemain, à la Convention, trois de ses représentants qui y participèrent ( Joseph Fouché, Jean-Nicolas Méaulle, et François-Sébastien de Laporte ), et de l’allocution que prononça ce jour le comédien Dorfeuille ( Antoine Gobet de son vrai nom ), président du Tribunal Révolutionnaire de Lyon (8). Voici un extrait du compte-rendu des trois envoyés: