Le mouvement anti-esclavagiste à Lyon aux XVIII et XIX ème siècles

Lyon fête la Liberté des Noirs en 1794

Proclamant haut et fort la valeur suprême de la liberté, la Révolution française ne pouvait pas ne pas s’interroger sur la liberté des esclaves noirs des colonies françaises, comme sur la citoyenneté des « hommes de couleur libres », puisqu’il en existait déjà, dans les colonies mais également sur le sol de la République (quelques uns à Lyon sans doute aussi, mais encore faut il en trouver les preuves! ). Des débats serrés eurent cependant lieu sur ces sujets, comme sur celui de la citoyenneté des Juifs, entre les députés montagnards et conventionnels, et au sein de chacun de ces groupes. C’est au cœur de ces débats que s’illustra très vite un personnage dont nous parlerons davantage un peu plus loin: le pasteur protestant Benjamin-Sigismond Frossard, un pasteur suisse installé à Lyon depuis 1777 (1). Cet homme écrivit, en effet, un des plus importants ouvrages consacrés à l’époque à ce sujet : « La cause des esclaves nègres et des habitants de la Guinée, portée au Tribunal de la Justice, de la Religion, de la Politique », qui fut publié en deux volumes à Lyon en 1789, à l’Imprimerie d’Aimé de la Roche (2). Par ailleurs, les archives publiques ont conservé de lui un plaidoyer adressé à la Convention nationale, le 12 décembre 1792 de l’an I de la Révolution française, « sur l’abolition de la traite des nègres » (3). Mais ce qui est aussi fort intéressant et heureux, c’est que cet homme n’était pas le seul à Lyon à porter de semblables idées abolitionnistes. Ainsi connait-on un vœu émis en 1791 par la section de Lyon de la Société des Amis de la Constitution ( ou Club des Jacobins) , à l’adresse du Gouvernement, ainsi rédigé :