C’est à la faveur d’un glissement sémantique que l’on prend conscience de la socialité de la religion et des faits qui lui sont liés. Régis Debray souligne ainsi :
« Premièrement, il se constate et s’impose à tous. Que cela plaise ou non, il y a depuis mille ans des cathédrales dans les villes de France, des œuvres d’art sacré dans les musées, du gospel et de la soul music à la radio, des fêtes au calendrier et des façons différentes de décompter le temps à travers la planète. »
Le fait religieux est observable, neutre et pluraliste. Laïcité et fait religieux, concepts sérieux s’il en est, ne doivent pas être confondus avec l’esprit de sérieux et s’accommodent de ce que Goffman appelle la « distance au rôle ».
Le fait religieux à l’épreuve de l’humour
Les religions conditionnent l’émergence d’un esprit de sérieux et des attitudes pontifiantes. Comme l’écrit Henri Meschonnic :
« Le gestionnaire du divin s’identifie au divin, à force de se l’approprier, et de le gérer. Et comme sa gestion est sociale, elle est politique. Le religieux est théologico-politique. »
Cette position est totalement incompatible avec toute forme d’humour.
En d’autres termes, face aux faits religieux, la « distance au rôle » est de rigueur, déplaçant le curseur vers des gestes culturels et interprétables à l’aune de la culture de chacun. Pensés depuis une autre culture, ils sont mésinterprétés et donnent naissance au rire complice et bon enfant.