Laïcité et fait religieux à l’épreuve de l’humour

La religion fait l’objet d’une forme de crispation sociale, politique et culturelle si importante qu’elle semble empêcher toute distanciation critique. À ce propos, Jacques Derrida livre une anecdote pleine d’humour :

« je me rappelle qu’un jour Lévinas m’a dit, avec une sorte d’humour triste et de protestation ironique, dans les coulisses d’une soutenance de thèse : “aujourd’hui, quand on dit « Dieu”, il faudrait presque demander pardon ou s’excuser : “Dieu”, passez-moi l’expression… »

En matière de religion, l’humour fait cruellement défaut dès qu’il s’agit de la considérer comme un fait social et culturel. Les hommes en ont pourtant un besoin impérieux, comme le rappelle Bernard Sarrazin : « Chaque fois qu’il y a du sacré, un rire de désacralisation semble se déployer sous une forme ou sous une autre. » Cet article aspire à montrer qu’il convient de prendre de la distance par rapport à la religion, définissant d’ailleurs quelques concepts.

Laïcité et fait religieux : tentative(s) de définition

Au sein de l’État français, la laïcité (qui est moins un principe qu’une règle et une éthique) entretient avec la religion des relations qui sont à la fois basées sur la tolérance, ainsi que sur un rapport plus passionnel, lié à l’organisation de cultes.