La laïcité semble confrontée au relativisme culturel dans les instances internationales de l’ONU liées aux droits de l’homme. A tel point que vous observez que le fait de proclamer la laïcité aux Nations unies n’est pas considéré comme « politiquement correct ». Comment est-ce possible ?
Karima Bennoune : Il faut absolument parler ouvertement de la laïcité aux Nations unies, ce qui n’est absolument pas le cas, même dans le domaine des droits humains. Il y a malheureusement un manque de compréhension de la laïcité, qui a commencé à être vue comme l’ennemie des droits humains… Alors qu’elle est un outil essentiel de la mise en œuvre des droits de tout le monde : croyants, pratiquants, athées, agnostiques, libres penseurs… La liberté de conscience, les droits des minorités, des femmes, ont une importance capitale qui dépend de la laïcité. Dans plusieurs de mes rapports, j’ai parlé de laïcité sans savoir beaucoup de soutien des pays au niveau de l’Assemblée générale des Nations unies ou du Conseil des droits de l’homme. Je sais que certains sont d’accord avec moi mais n’osent pas le dire ouvertement.