Interdiction des signes religieux : le Québec se rebelle au pays du multiculturalisme

Le gouvernement québécois a présenté un projet de loi sur la laïcité interdisant les signes religieux à certains fonctionnaires. Une première dans l’histoire du Québec. De quoi provoquer la colère de Justin Trudeau, qui y voit une « discrimination ».

Il aura fallu dix ans de débat et une promesse électorale pour que la proposition puisse voir le jour. Si la loi est votée en juin, au Québec, les signes religieux seront interdits aux fonctionnaires en position d’autorité tels que les policiers, les juges ou les enseignants. Le « visage découvert » sera également exigé pour ces employés de l’Etat ainsi que pour toute personne recevant un service de l’État et ce, pour des raisons d’identification. Et pour éviter une possible « dictature des tribunaux », le gouvernement québécois a recours à la « clause nonobstant » qui restaure, pendant cinq ans, le prima de la souveraineté parlementaire sur les juges.

JUSTIN TRUDEAU DÉÇU ET CHOQUÉ

Ce projet de loi, dit « projet de loi 21 », n’a pas fini d’agiter le Canada… Si près de 74% des Québécois francophones y sont favorables, selon un sondage Léger pour le CAQ, la pilule a du mal à passer du côté des Canadiens anglophones. Le texte venait tout juste d’être déposé que Justin Trudeau, Premier ministre canadien, s’empressait de manifester son indignation : « Pour moi, il est impensable que, dans une société libre, nous légitimions la discrimination contre des citoyens en raison de leur religion », expliquait-il, tout en reconnaissant qu’il n’avait pas lu le texte.