Ériger un mur à leur frontière peut avoir un effet sur la manière dont ces pays jouent ce rôle de postes frontaliers avancés d’une part, mais aussi sur la définition même de leurs propres politiques de défense et de sécurité, menant parfois à une forme d’extraversion – c’est-à-dire d’une forme d’appropriation du discours de l’État emmuré aux dépens de l’intérêt national de l’État ex-muré.
De tout cela, le Canada n’est pas tout à fait immun. En effet, en décembre 2016 et à la demande de l’équipe de transition du président nouvellement élu, le US Customs and Border Protection a réalisé un rapport sur l’état des frontières dans lequel il a établi la nécessité de murer plus de 640 km de frontière, au sud des États-Unis… mais aussi au nord, entre le Canada et le Maine, le New Hampshire, le Vermont, New York, le Montana, l’Idaho et Washington.
Des murs inefficaces par nature
The Economist publiait le 3 juin dernier un article sur la nécessité de murer la frontière canadienne, notamment pour lutter contre le trafic de drogue.
Or aucun mur n’a jamais permis d’enrayer durablement la contrebande : rampes, catapultes, drones, tunnels, sous-marins, mules… ou parfois un simple réseau de gardes frontaliers corrompus assouplissent toujours à terme la frontière et ne font que déplacer les flux… Reportant ainsi la nécessité de toucher le cœur du problème, de le prendre à la racine, de traiter la pathologie et non pas seulement les symptômes.