Dans cette logique, un humanisme se traduisant par de la mollesse et des atermoiements est dénoncé comme une faiblesse coupable, nocive à la fois pour ceux qui resteront (et dont l’intégration sera retardée), et pour ceux qui devront repartir (et qui auront eu le temps de se bercer de faux espoirs). On doit, le plus vite possible, la vérité au demandeur d’accueil. La fermeté n’est que l’expression concrète d’un devoir de vérité à l’égard de sa personne, dans un contexte où « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ».
Mais, si elles exigent d’être fermement mises en application, les conditions d’accueil doivent être clairement établies. Sauf à décider que tout migrant, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, a le droit absolu d’être accepté, il y a bien une décision, d’acceptation ou de refus, à prendre. Cela doit se faire par référence à des critères de droit, à la fois clairs (ils doivent avoir été explicités, et rendus publics), et équitables (en adéquation avec des exigences d’ordre éthique). C’est cette exigence de traitement selon le droit qui légitime l’accueil de tous dans la dignité, quel que soit leur sort futur. En attendant que l’on ait statué sur celui-ci, il faut offrir à chacun des conditions de vie décente : tel est le devoir d’hospitalité.