Vous donnez aussi une place importante aux femmes dans votre livre. Y a-t-il un enjeu similaire, du point de vue de la pratique historique, à mettre en avant le rôle des femmes ?
J’ai eu, avec cette question de la place des femmes dans l’histoire, la même attitude qu’avec celle des colonisés et des émigrés. C’est une histoire qui doit être intégrée. Elle n’est pas à part. Je les ai intégré à égalité dans le récit historique, montrant chaque fois quelles places elles occupaient. A tout moment, dans des contextes très différents, les femmes sont là et agissent. Il y a différentes situations, par exemple les femmes qui pendant la révolution française prenaient le sucre à des accapareurs et le revendait pour ce qu’elles considéraient comme un prix juste dans la rue. Ou bien les femmes qui, au moment où la vie était extrêmement chère en 1910-11, ont saisi des marchandises, et se sont opposées à ces conditions. Elles se sont saisies de quelque chose qui était leur quotidien, et se sont organisées. Oui, elles sont là, et chez les colonisés et les émigrés il y a aussi des femmes !