« Une histoire qui prenne en compte les femmes, les colonisés et les immigrés »

Michelle Zancarini-Fournel – Crédits : La Découverte

Michelle Zancarini-Fournel – Crédits : La Découverte

Choisir quelle chronologie adopter pour cette histoire de France a été une décision politique. Il y a tout un débat autour ce que certains appellent le   » roman national », qui veut ancrer nos origines dans une histoire gauloise ou franque, c’est à dire Vercingétorix ou Clovis, pour souligner les racines chrétiennes de la France. Comme beaucoup d’historiens, je ne partage pas cette idée. J’ai donc réfléchi à la date à laquelle je pourrais faire commencer cette histoire populaire. J’ai eu l’idée de partir de 1685, date importante au milieu du règne de Louis XIV, pour faire démarrer cette recherche par le Code Noir. Un des objectifs que j’avais, du point de vue spatial et social, était de ne pas faire une histoire parisienne, souvent confondue avec une histoire nationale. Faire une histoire dans tout l’hexagone, à la campagne, dans les petites villes etc. Une histoire qui ne soit pas boiteuse, qui prenne en compte, bien sûr, les femmes à égalité, mais aussi les colonisés et les immigrés. Je pense qu’ils font partie d’une histoire de France qui ne doit pas être seulement hexagonale, non seulement pour les inclure et les assimiler, mais parce que l’histoire des territoires, et bien sûr l’histoire de ces personnes, ont vraiment eu une influence sur notre histoire générale. Ensuite, la date de 2005 me parait absolument fondamentale. Non seulement parce que c’est une date où la question du post-colonial est posée, depuis le mois de janvier avec l’appel des Indigènes de la république jusqu’aux émeutes de l’automne. Mais aussi parce que pendant ces rébellions qui enflamment les banlieues, on établit l’état d’urgence, et qu’aujourd’hui on est plus que jamais dans l’état d’urgence.