La crise de l’emploi, elle, dure depuis le début des années 1970 ; il serait temps d’accepter que les mécanismes institutionnels sont tels que le chômage de masse est une certitude, pas une anomalie, et certainement pas un problème que l’on peut résoudre avec une nouvelle loi ou avec une start-up d’état.8
La meilleure chose à faire, quand tu entends parler ces fausses crises, c’est de changer de chaîne. Plus on te répète qu’une crise existe, plus ton cerveau va l’accepter comme un fait. La coupable, c’est l’heuristique de disponibilité, un phénomène bien documenté en psychologie. Nos cerveaux, ces grosses feignasses, associent la première chose qu’ils trouvent dans leurs archives pour illustrer ce qu’ils voient. Si tu as regardé vingt-cinq reportages où l’on parle de réfugiés Syriens en même temps que des viols de Cologne, ta cervelle va avoir plein d’associations Syriens/violeurs disponibles. Tu as beau savoir que la relation entre les deux est fausse ; plus tu exposes ton cerveau à ce mensonge, plus l’effort nécessaire pour le contredire, même intérieurement, sera grand. C’est la raison pour laquelle des gens qui partageaient des idées humanistes il y a vingt ans peuvent te sortir sans sourciller que les Roms quand même ils volent beaucoup, qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde et que ces femmes voilées, hein, finalement elles n’ont que ce qu’elles cherchent à force de ne pas vouloir s’intégrer. Si une crise n’existe pas, il faut activement l’ignorer si on ne veut pas devenir convaincu de son existence, même contre son gré.