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Livre, note de lecture : « L’inquiétante familiarité de la race »
Dans son ouvrage, le sociologue s’attaque à l’« antiracisme décolonial », et prône un cosmopolitisme qui construise un attachement de chacun non pas à l’identité, mais à l’humanité dans son ensemble.
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Qui peut être antiraciste ? La question n’est jamais posée comme telle, mais elle guide la réflexion d’Alain Policar. Son livre L’inquiétante familiarité de la race. Décolonialisme, intersectionnalité et universalisme (Le Bord de l’Eau, 144 p., 15 euros) s’en prend à un « retour de la race » au nom d’un antiracisme décolonial, pour lequel « rendre compte de l’expérience du sujet colonial et racialisé implique de rompre avec les grandes conquêtes de la “pensée occidentale” ». A commencer par l’universalisme qui, taillé pour ceux qui l’ont énoncé, serait mutilant pour tous les autres.
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Policar tente de braver ce qu’il pense lui être interdit : il veut pouvoir être antiraciste, universaliste, ce qui suppose d’être ouvert à la pluralité. En effet, « il n’existe aucune (bonne) raison de penser que l’identité nationale française aurait cet extraordinaire privilège de coïncider avec l’universel, ce qui nous affranchirait de l’effort douloureux d’ouverture à l’altérité de l’autre ». Il y a, loin d’une « panique blanche » face à une supposée hégémonie minoritaire qu’on pourrait lui opposer, une volonté de s’ouvrir à ces nouveaux discours sur la domination. Sa quête d’une « éthique humaine » le mène, guidé par d’autres auteurs, au cosmopolitisme. Il implique de désacraliser nos attachements identitaires : « Que serait la liberté si l’on ne pouvait pas vraiment rompre avec cet accident qu’est le fait d’être né quelque part ? »
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Du bon usage de la tolérance, avec Claude Habib