Alain Policar : « La fixation sur les origines tend à les transformer en destin »

Vous opposez « l’extension du domaine de la race » au projet cosmopolitique…

Le cosmopolitisme reconnaît au citoyen des droits liés à son appartenance au monde. Je considère qu’il s’agit de la théorie contemporaine la plus efficace de la justice globale. Il est parfaitement injuste que le lieu où l’on naît détermine son destin. Comment peut-on avoir une théorie de la justice qui ne soit pas une théorie globale, ne concernant pas seulement le pays ou l’on est né, ni même l’ensemble géographique, mais l’humanité tout entière ? Le philosophe libéral américain John Rawls (1921-2002) a complètement éludé cette question-là. J’ai été très frappé par la lecture du philosophe ghanéen Kwame Anthony Appiah – il parle d’un « cosmopolitisme enraciné » –, qui considère qu’il n’est pas nécessaire de rompre avec ses attaches particulières singulières, nationales ou autres, pour construire des attachements plus larges, l’attachement à l’humanité étant le plus important.