L’échantillon choisi n’est volontairement pas représentatif : les questionnaires ont été adressés à 7.000 jeunes de 14 à 16 ans, fréquentant des régions où des « manifestations de radicalité » (émeutes, bagarres avec la police, blocages de lycées) ont eu lieu : quartiers nord de Marseille, région lilloise, ville de Créteil en banlieue parisienne… l’académie de Dijon a été ajoutée pour apporter de la diversité à l’étude. Reste que celle-ci a interrogé 39% de jeunes scolarisés dans des lycées populaires, et 26% de musulmans, bien davantage donc que dans l’ensemble de la population lycéenne. Le but avoué de l’enquête était en effet d’analyser la prégnance des idées radicales chez les jeunes issus de milieux modestes et de confession musulmane. Les auteurs ont défini la radicalité par « un ensemble d’attitudes et d’actes exprimant a minima une protestation et pouvant aller jusqu’à la contestation frontale du système politique ainsi que des normes sociales et culturelles dominantes« . Des idées qui peuvent s’exprimer de manière religieuse, politique ou culturelle, et dans certains cas mener à la violence.
« Combattre les armes à la main pour sa religion »
Certains résultats interpellent : si 11% des adolescents interrogés pensent qu’il y a « une seule vraie religion » et que celle-ci « a raison contre la science« , ce chiffre passe à 32% chez les musulmans, dont 81% estiment que « c’est plutôt la religion qui a raison sur la question de la création du monde« . Un décalage également constaté en ce qui concerne la tolérance à la violence : pour 25% des jeunes de l’étude, il est acceptable de voler un scooter, de dealer de la drogue ou d’affronter la police… c’est le cas pour un tiers des jeunes musulmans. D’après Anne Muxel et Olivier Galland, ceci s’explique par le fait que les lycéens de confession musulmane habitent souvent dans des quartiers sensibles où la violence est devenue banale.