Équilibre difficile à trouver dès lors que les Églises semblaient « rattraper » les leurs par-dessus une appartenance civique partagée.
De fait, au fil du temps, le mélange des sépultures s’est fait, en particulier pour les défunts de confession catho- liques et protestantes, et pour la plupart des Français juifs au fur et à mesure que les anciens carrés confessionnels se sont révélés trop exigus alors même que le Conseil d’État en interdira l’agrandissement dans les années 1930. La neu- tralité des parties communes d’un cimetière étant ainsi confortée par la mixité des croyances mises en terre.
Face à cet équilibre à trouver entre le refus de distinguer à raison des croyances et la liberté de chacun de régler ses funérailles comme il l’entend, la République a su faire une interprétation libérale des lois de 1881 et 1884 quand est apparue une demande de familles musulmanes de bénéficier dans les cimetières d’un regroupement de sépultures des siens. Et elle a eu raison de le faire.
Dès 1975, le ministère de l’Intérieur indiquait aux maires qu’ils pouvaient user de leur pouvoir de police dans la gestion des cimetières afin de regrouper des sépultures dans des « carrés musulmans », sans toutefois les séparer par des murs et des entrées comme cela se faisait encore au xixe siècle afin d’éviter des affrontements hérités des guerres de religion.
Il y avait là un enjeu symbolique fort : permettre aux familles musulmanes de manifester de façon ultime leur
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