Si tous ces récits sont animés d’une panique morale – comme le sont aujourd’hui les « narratifs » des sociétés occidentales face aux migrants, comme le fait du reste remarquer Toni Morrison –, c’est sans doute que ces confrontations à d’autres versions de nous-mêmes que sont les autres ou les étrangers, viennent perturber les histoires que nous nous racontons sur notre supériorité éthique. On comprend mieux, dès lors, que toute l’oeuvre de Toni Morrison se soit attachée à mettre en scène, à travers des romans aussi magnifiques, les distinctions de race, de genre ou de classe, et les affects qu’elles peuvent susciter à travers le langage et les images. Pour les troubler ou même les neutraliser. C’est que ce que le langage peut faire de violence morale à un homme ou une femme, la littérature, en sollicitant d’autres jeux de langage, peut le défaire.
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12.10.2018