La cancel culture est intrinsèquement liée à ce mouvement. Vous-même l’avez expérimentée l’année dernière, lorsqu’une pétition de plusieurs centaines d’universitaires réclamait votre mise à l’écart de la Société américaine de linguistique pour « une tendance à étouffer les voix des personnes souffrant de violences raciales ou sexistes »…
Cette lettre était essentiellement signée par des étudiants et postdoctorants. Ça ne m’a pas touché, parce que j’ai un poste fixe à Harvard et une certaine notoriété. Mais c’est le symptôme d’un problème profond. Avoir simplement une opinion non orthodoxe sur un sujet devient être associé au mal et mérite un châtiment. Il y a clairement un problème de répression intellectuelle. Sur les sujets de la race ou du genre, mon opinion est qu’il faut regarder les données, et ne pas avoir d’idées préfabriquées par l’idéologie. Si c’est considéré comme un crime, alors c’est une catastrophe garantie pour l’ensemble du monde académique ! Car notre statut naturel est l’ignorance. C’est seulement en étudiant quelque chose, en ayant son esprit ouvert pour différentes hypothèses que nous avons pu avancer.