Le journal « Charente Libre » nomme les auteurs de commentaires racistes sur sa page Facebook

Le 21 octobre, le quotidien départemental « Charente libre » annonce l’arrivée de 85 demandeurs d’asile dans le département en précisant  « le territoire consolide son statut de terre d’asile. »  Comme cela arrive le plus souvent avec ce genre d’informations, les premières réactions sur la page Facebook du journal sont celles de xénophobes décomplexés qui n’hésitent pas à poster des commentaires d’un racisme particulièrement bête et particulièrement violent. La réaction de la rédaction est sans concession.  Après un rappel à la loi, « Charente libre » choisit de nommer les auteurs de certains de ces commentaires. Une pratique autorisée qui relève plus de l’éthique que du juridique (voir lien complémentaire en fin d’article) mais plutôt de tradition anglo-saxonne et connue sous le vocable « name and shame » .

Sous son titre originel  « Propos racistes  sur notre page Facebook : ce que vous risquez », cet article a été publié sur le site charentelibre.fr , le 22 10 2019

Liberté d’expression. La Charente-Limousine et Ruffec s’ouvrent aux migrants, certains internautes déversent leur haine. C’est un grand classique, un réflexe pavlovien du haineux du net : dès que nous consacrons un article aux migrants, aux gens du voyage ou aux maghrébins, ils sortent du bois de Facebook et y déversent de bon matin leurs commentaires haineux et racistes. Sous couvert d’une liberté d’expression dévoyée et en s’appuyant sur un système d’inversion des valeurs qui noie tout sens: celui qui ne partage pas ce racisme bas de plafond est immédiatement taxé de « bisounours », de « collabo » ou de « fasciste ».

Premier rappel, légal. L’injure publique et/ou raciste sont des délits. Que prévoit la loi? Lorsque l’injure est publique, son auteur encourt jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 22.500 euros d’amende.
La provocation à la violence raciste, quant elle est publique, est punie jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende, ainsi que des peines complémentaires telles que l’affichage ou la diffusion de la condamnation. Que l’on soit clair: CL n’hésitera pas, en cas de plainte, à fournir au parquet ou aux enquêteurs l’identité ou l’adresse IP du commentateur poursuivi. Ne pas le faire serait se rendre complice d’une haine qui met à mal le vivre ensemble.

« Charente libre » nomme les auteurs de commentaires racistes (intertitre de la rédaction de FF)

Tout comme CL ne peut pas accueillir toute la haine et la bêtise du monde 2.0 sur sa page Facebook.  Ainsi Dominique Ringuet, boulanger charentais, a été banni de notre page pour son: « On en veut pas de votre merde qu’ils restent dans leurs pays sa nous évitera de les ramener a coups de pompe dans le cul ». Idem pour Patrick Montajaud et son « renvoyé moi ça dans leurs pays a coup de latte ». Ou le masqué Lipron James, visiblement fan d’un basketteur afro-américain, et sa logorrhée sur les viols à venir dans les campagnes. Une bonne vingtaine d’autres ont subi le même sort, tel ce Yannick heureux d’écrire que l’on « remplace les français par de la merde ».
Evidemment, comme à chaque fois, le « SDF français » a d’un coup énormément de défenseurs et les fantasmes se développent: les migrants accueillis bénéficieraient du permis et même d’une « voiture gratuite », ce qui est faux, le « bon français qui veut travailler » reste au chômage pour employer les migrants, ce qui est encore faux. Fausses infos se mêlent parfois à une vraie détresse. Ce qui ne peut excuser la violence verbale.

lecture complémentaire : nommer une personne avant la justice ? une question d’éthique plus que juridique