Steven Pinker : « Aujourd’hui, cette folie woke est l’affaire de tous »

Dans le mouvement woke, il y a cette idée que le racisme serait immuable, une fatalité liée à un système de pouvoir, un « péché » qui ne disparaîtra jamais. Comment expliquer cela alors que le déclin du racisme est bien documenté, même aux Etats-Unis ?

La théorie critique de la race assure que les Blancs étaient, sont et seront racistes. Alors que dans la tradition libérale des Lumières il y a des préjugés, parfois même institutionnalisés, mais qu’il est possible de démanteler et de combattre pour approcher de cet idéal universaliste où chacun est traité en tant qu’individu. Les preuves sont là ! Dans les études, on voit que les personnes qui ont des opinions ouvertement racistes, du type « je ne voudrais pas que mon enfant épouse quelqu’un de noir », sont en net recul et ne concernent plus qu’une toute petite minorité d’Américains. On pourra rétorquer que les gens savent qu’il n’est socialement plus acceptable de tenir de tels propos, mais qu’ils n’en pensent pas moins. Mais le spécialiste des data Seth Stephens-Davidowitz a par exemple montré, via les recherches sur Google, que le racisme dans le privé est lui aussi en chute. Depuis 2004, les recherches pour des blagues racistes, sexistes ou homophobes ont connu une baisse spectaculaire.