Podcast Beur FM. Le mot « Woke » à la Une des « mots piégés du débat républicain »

Il y a parfois des mots qui fâchent. Des mots du vocabulaire politique. Des mots qui vont s’inviter dans la campagne présidentielle. Aujourd’hui,  le mot « woke »

En partenariat avec Beur FM nous vous proposons un rendez vous hebdomadaire chaque samedi matin à 8h20. Après une séquence consacrée au mot choisi, son étymologie, son histoire, ses différents usages à travers le temps, Pierre Henry, président de France Fraternités dialogue avec  Ruben Rabinovitch, psychanalyste. Il a publié, en collaboration avec Renaud Large, une note pour la Fondation Jean-Jaurès intitulée « Des hussards noirs de la République à la Chronique des Bridgerton », qui s’intéresse à l’idéologie woke

Pierre Henry, extrait : « Aujourd’hui, être woke, c’est être conscient des inégalités qui existent en raison de la couleur de peau et des discriminations dont sont victimes d’autres minorités. Les LGBT, par exemple, ou encore en raison des violences que subissent les femmes. Bon, jusque là, on a envie de dire « soyons éveillés ». Là où ça se corse, c’est quand des éléments radicaux s’emparent du sujet, veulent déboulonner les statues et interdire le débat à l’université, assigner les gens à leur origine. »

 Ruben Rabinovitch, extrait : « les tenants de la « cancel culture », lorsqu’ils cherchent effectivement à faire interdire des films comme Autant en emporte le vent, lorsqu’ils réalisent, comme au Canada, des autodafés de milliers d’ouvrages ou lorsqu’ils déboulonne les statues de Colbert, Napoléon ou Churchill, Lincoln, Jefferson, rappellent une mécanique qui est proche de celle du parti dans « 1984 », le roman d’Orwell, ou pour choisir une référence moins fictionnelle comme ce qui a pu se pratiquer sous la Révolution culturelle maoïste. Dans le roman d’Orwell, le parti fait main basse sur les archives, fait disparaître certaines figures politiques comme certains événements, et réécrit l’histoire à l’aune de ce qui lui convient. Disons donc ce qui me chiffonne dans la contre culture et le déboulonnage des statues, de ce point de vue là, mais c’est qu’un symptôme parmi d’autres de cette idéologie, c’est qu’il n’est plus tant d’enseigner l’histoire, mais d’enseigner à l’histoire. Il n’est plus tant de tirer les leçons du passé, mais de faire la leçon au passé et que c’est de ce point de vue là que le déboulonnage des statues peut avoir quelque chose de symptomatiquement inquiétant. »  

 

Prochain rendez-vous sur l’antenne de Beur FM avec le mot  « populisme »». Invité :  Jacqueline Costa-Lascoux, sociologue, directrice de recherche du Centre national de recherche scientifique.

 Diffusion samedi 18 décembre à 8h20, rediffusion le dimanche à la même heure  

La fréquence francilienne de Beur FM est 106.7.  Si vous souhaitez écouter l’émission depuis une autre région française, vous trouverez toutes les fréquences en suivant ce lien