Le folklore par omission
La qualité journalistique de l’article dont voici un extrait lisible est incontestablement impactée par le principe folklorique à l’oeuvre dans la description des sujets et des lieux. Le champ lexical mobilisé pour nous décrire nous réduit à des corps voués aux tâches besogneuses, des corps exploités, productifs. Ce que l’article ne dit pas c’est que tout comme Elsa, Hawa est chargée de relation presse, que Lucien est professeur, que “Boucher” est le président de la plus grande association de Pantin. Ce qu’il ne dit pas c’est que notre association compte des infographistes, des traiteurs, des sociologues, des journalistes, des artistes. Ce qu’il ne dit c’est que nous collaborons régulièrement avec des associations et collectifs parisiens contrairement à ce que vous semblez croire. Ce qu’il ne dit pas, c’est que M. Fofana, loin d’être le patriarche austère et silencieux décrit est un père de famille aimant et bavard que nous croisons toutes les semaines quand il vient chercher ses filles à la danse ou au hand-ball. Ce qu’il ne dit pas c’est que vous avez posé sur nous un regard empli de représentations réductrices – oserait-on, de mépris – que ces représentations vous ont aveuglé au point que personne ne nous ait demandé nos professions. Ce qu’il ne dit pas c’est que les pratiques observées en l’espace d’une journée, vous en avez fait celle d’une masse uniforme qui nie nos singularités. Ce qu’il ne dit pas c’est que vous vous êtes empressée de nous dire au revoir pour prendre la route et retourner dans votre maison de campagne à quelques kilomètres de Paris. Est-ce de cette maison que vous avez fait la compilation des entraves au confinement des jeunes de Pantin ?