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Le décor est posé : une journée solidaire qui débute par des “checks” sur “fond de rap” sous la coordination de “Boucher”. Mohammed s’est pourtant présenté comme tel en accueillant dans le local associatif les journalistes de Paris Match. Mohammed ou “l’armoire à glace glissée dans un survêtement qui se fait appeler Boucher”. Oui Mohammed se fait appeler “Boucher” par ses proches, par le cercle intime des personnes avec lesquelles il vit. Un surnom comme tant d’autres dans tant de quartiers, utilisé comme un espace symbolique de représentation, qui appartient à sa vie privée et qui se répètera tout au long de l’article pour le qualifier. La journaliste empiète alors sur cet espace intime et par le biais d’un rapport de domination inconscient, déshumanise le jeune bénévole jusqu’aux citations des entretiens, retranscrites sans êtres retravaillées. Une forme de dénigrement qui se poursuit avec l’étonnement de la rédactrice face à “l’application d’écolier” de Mohammed. Président de L’Olympique de Pantin, à la tête d’un club de football historique qui ne compte pas moins de 650 adhérents, aucune mention pourtant ne sera faite ni de ses compétences, ni de ses activités professionnelles et de loisirs, ni même de son prénom. On assiste bel et bien à une négation de la singularité du président associatif à qui on concède une ultime remarque de la situation vécue dans son propre quartier : “Ça devient chaud.” C’est le cas de le dire.