Vikash Dhorasoo compare le silence face à cette persécution comme le silence des intellectuels de l’Allemagne nazie. La comparaison peut surprendre… Comment l’histoire est invoquée par ceux qui souhaitent mettre de l’huile sur le feu ?
Ce parallèle avec la période nazie est très douteux. Je ne sais pas si Vikash Dhorasoo se rend vraiment compte qu’il reprend une rhétorique imaginée par les islamistes – ce qui ne manque pas de sel quand on sait les liens entre Hitler et le grand mufti de Jérusalem, ou encore les emprunts multiples des idéologues des Frères musulmans, comme Saïd Qutb, à l’antisémitisme nazi. Mais même en mettant cet aspect de côté, le parallèle ne tient pas une seconde : dans les années 1930, un régime totalitaire, appuyé sur une idéologie raciste, a théorisé la hiérarchie des races et mis en pratique la persécution, puis l’extermination systématique d’un peuple. C’est ce que Johann Chapoutot appelle « La loi du sang ». Quel rapport avec les démocraties d’aujourd’hui, et la nôtre en particulier ? L’antisémitisme était bien sûr présent dans la société française à cette époque là, mais il n’a jamais été une doctrine d’Etat jusqu’à ce que la République cesse d’être. Et si la République s’est écroulée, quitte à faire des parallèles historiques, rappelons que c’est aussi en partie parce que tout une partie de la gauche ne voyait pas de différence majeure entre Blum le social-traitre, vendu au capitalisme apatride, et Hitler le nationaliste soutenu par le patronat allemand.