Qu’en est-il réellement du couple que formeraient terrorisme et immigration La parole politique est aussi prolixe que la matière scientifique est rare sur le sujet. Le lien entre terrorisme et immigration une question « embarrassante », confie Jean-Baptiste Meyer, sociologue à l’Institut de recherche pour le développement et auteur d’un article sur « Le lien entre migration et terrorisme. Un tabou à déconstruire », paru en 2016 dans la revue Hommes & Migrations. « Dans la communauté des spécialistes des migrations, dit-il, on hésite à évoquer directement ce sujet, de crainte que les personnes xénophobes surfent dessus pour porter l’opprobre sur l’ensemble de la population immigrée. » Dans son article, M. Meyer a recensé le profil des auteurs d’attentats terroristes en France de janvier 2012 à août 2016. Et observe que l’écrasante majorité sont de nationalité française.
Un constat qu’a d’ailleurs rappelé Gérald Darmanin, à propos des attaques depuis 2015 : « Sur les 30 derniers terroristes confondus pour des actes commis sur notre sol, 22 étaient français, 8 seulement étrangers », a-t-il répété auprès de plusieurs médias. Le Centre d’analyse du terrorisme (CAT) s’est aussi penché sur ces profils depuis 2012. Et tire la même conclusion. « Sur 29 auteurs, il y a 62 % de Français et si on élargit aux tentatives d’attentats, on double le nombre d’auteurs et on est à 67 % de Français », avance Jean-Charles Brisard, le président du CAT, selon qui « il n’y a pas de lien entre immigration et terrorisme. Nous sommes face à un terrorisme essentiellement endogène, conçu et exécuté dans le pays d’origine, a fortiori depuis l’affaiblissement de l’Etat islamique ».
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