Réfugié politique en Norvège depuis 2015, le président de la Fondation Kawakibi et membre du think tank Civita a été informé le 25 avril par les services de renseignements de son pays d’accueil, alertés par la CIA, qu’il était une « cible », et mis momentanément sous protection policière. « Je n’ai pas peur », clame-t-il, tout en continuant de mobiliser l’opinion publique et les médias. Pour l’activiste, l’origine de ces menaces est un secret de polichinelle. Critique acerbe de longue date du pouvoir saoudien, ce seraient avant tout ses liens avec Jamal Khashoggi, l’éditorialiste saoudien assassiné en octobre 2018 au consulat de son pays à Istanbul, que le gouvernement saoudien lui reprocherait. Le militant accuse directement le prince héritier Mohammad ben Salmane (MBS) et son bras droit Saoud el-Kahtani d’être derrière cette chasse aux activistes. « MBS a créé une règle selon laquelle il peut tuer n’importe qui, où qu’il soit », dénonce Iyad el-Baghdadi. « Si tu es menacé alors que tu te trouves en Norvège, quelle chance ai-je ici », lui a écrit récemment un défenseur des droits de l’homme d’un pays arabe.
Depuis l’avènement des printemps arabes en 2011, l’activiste est devenu un modèle pour beaucoup. « C’était une occasion unique de regagner notre liberté et nos droits fondamentaux, et j’ai plongé dedans tête première », raconte-t-il. Lors des premières manifestations en Égypte, il est résident aux EAU et possède des documents de voyage de réfugié palestinien. Difficile alors de rejoindre la place Tahrir en soutien aux activistes. Son engagement se fait à distance à travers le seul espace d’expression qui s’offre à cette jeunesse arabe : Twitter. Très vite, ses séries de tweets commentant les événements, mais aussi ces traductions de l’arabe à l’anglais de chants révolutionnaires et de vidéos vont faire d’Iyad el-Baghdadi une référence parmi les réseaux d’activistes et une source foisonnante pour les internautes du monde entier. Ses idées et ses prises de position résonnent auprès de la jeunesse arabe unie dans un même combat, celui « d’une génération ».