Guiti News, un nouveau média pour « raconter l’exil autrement »

Ce nouveau média en ligne a été fondé par un jeune journaliste afghan en exil. La moitié de sa rédaction est composée de journalistes réfugiés.

Raconter l’exil autrement : c’est l’objectif principal de Guiti News, le média en ligne lancé ce mardi 22 janvier par l’un de ses fondateurs, Mortaza Behboudi, un Afghan de 24 ans arrivé seul en France en 2015.

Ce média est composé (pour le moment) d’une dizaine de journalistes, dont cinq réfugiés et cinq Français. L’idée est de travailler toujours en binôme et de réaliser des papiers, des reportages, des podcasts ou des dessins abordant le thème de l’immigration, mais pas seulement.

Cette petite rédaction provient des quatre coins du monde : Syrie, Pakistan, Cameroun, Tchad…  En langue perse, « Guiti » signifie « le monde et l’univers ». Son slogan : « Croisons les vues, croyons les regards. »

« Ce nom, ‘Guiti’, représente bien l’identité de notre média, qui s’est constitué autour de rencontres diverses, parfois pendant un reportage à Lesbos, parfois durant une soirée de poésie à Paris, ou encore à la Maison des journalistes, association qui accueille les journalistes réfugiés », confiait à « l’Obs » Mortaza, lors de la soirée de lancement de Guiti News.

Découvrez un des premiers articles publiés par Guiti News : « Zakaria Abdelkafi, photographe syrien correspondant de l’AFP à Alep de 2013 à 2015, a perdu son œil en septembre 2015, alors qu’il couvrait les affrontements entre l’Armée syrienne libre (ASL, rebelles alliés à Ankara) et les forces du régime. Plusieurs mois après sa blessure, il est arrivé en France, où on lui a implanté un œil artificiel. Aujourd’hui, loin du conflit, il peut enfin « réellement se concentrer sur son travail« , explique-t-il. « Et puis, un photographe n’a besoin que d’un œil. » « .Portrait


 

« L’immigration, c’est aussi du positif »

L’idée de fonder un média dédié au thème de l’exil est venue à Mortaza en juillet 2018. « Avec d’autres journalistes, on a eu envie de montrer que l’immigration, c’est aussi du positif », explique le journaliste, également chargé de la communication à l’Unesco.

« On s’est rendu compte que beaucoup de journalistes réfugiés ne peuvent pas travailler en France par manque de contacts et parce qu’ils ne connaissent pas la ligne éditoriale des médias français », poursuit-il, précisant que Guiti souhaite aussi pouvoir les former.

Parrainé par Edwy Plenel et Pierre Haski

Et du côté des Français, « beaucoup de journalistes nous ont dit qu’ils n’arrivaient pas à vendre leurs sujets sur l’immigration, car les rédactions ont d’autres priorités comme les ‘gilets jaunes’ ou l’affaire Benalla », constate-t-il.

Mortaza remet en cause le traitement médiatique de l’immigration :

Trop souvent résumée à des chiffres bêtes qui aveuglent les réalités humaines et individuelles de chaque destin, l’information des migrations est approximative, distancée et désincarnée. Des écueils en partie liés au faible espace d’expression laissé aux premiers concernés, les exilés. »Guiti News a donc l’ambition d’offrir un nouveau regard sur l’immigration, grâce à ses reporters, dont une bonne moitié a vécu l’expérience de la guerre et de l’exil.

Le jeune média a démarré grâce à une campagne en ligne et il peut compter aujourd’hui sur l’appui de deux parrains prestigieux : le directeur de la publication de Mediapart Edwy Plenel et le journaliste et éditorialiste de « l’Obs » Pierre Haski.