Iyad el-Baghdadi, une voix libre dans le monde arabe

Il ne s’est jamais vraiment senti chez lui aux Émirats. « Dans le meilleur des cas, ils vous font sentir que vous n’êtes qu’un invité », dit-il. Son activisme grandissant ne passe pas inaperçu, même s’il prend soin de ne pas critiquer publiquement son pays d’accueil. Des avertissements lui sont adressés fin 2013, alors même qu’il apprend que son épouse, avec qui il est marié depuis sept ans, est enceinte. « C’était une grossesse non planifiée. Je ne voulais pas d’enfant de peur que cela entrave mon activisme », dit-il sans détour. Détenu un temps, Iyad el-Baghdadi a choisi l’exil. Après un passage en Malaisie, c’est finalement en Norvège qu’il va trouver refuge. Invité à prendre la parole lors de l’Oslo Freedom Forum en 2014, il séjourne quelques mois, en plein hiver scandinave, dans un camp de réfugiés. Sa notoriété l’extirpe toutefois de ces conditions difficiles et lui permet d’être rejoint par sa femme et son fils. En septembre 2017, Jamal Khashoggi s’exile aux États-Unis. Les deux hommes se suivent depuis longtemps, mais Iyad comme de nombreux activistes se méfiait de celui qui fait partie de l’élite saoudienne et travaillait pour le gouvernement. « Tout a changé après son exil. Il s’est ouvert et s’est rapproché de nous », confie-t-il, tout en louant la sagesse et l’écoute attentive, des « qualités rares » du journaliste saoudien. Iyad el-Baghdadi a hérité de deux projets initiés par Jamal Khashoggi l’année précédant sa disparition brutale. Son implication pourrait lui valoir de graves conséquences. Très reconnaissant envers Oslo qui gère son cas, l’activiste reste sur ses gardes. « Les Saoudiens réfléchissent à leur manière de réagir par rapport à moi. J’ai encore reçu mardi un e-mail menaçant, et ils ont envoyé un message à ma famille », confie-t-il.