Hervé Le Bras et le fantasme du « grand remplacement »

Nous allons ainsi vers une population mondiale beaucoup plus mélangée. On peut, d’une certaine manière, dire qu’il y a une invasion, mais c’est une invasion virtuelle, une invasion de gens mixtes.

Vous notez dans « L’invention de l’immigré » [« e Valeurs Actuelles posait en 2013 une question analogue à celle du Figaro. Que traduit une telle interrogation ?

Il y a au fond une sorte de permanence de cette peur en France, peut-être même plus que dans d’autres pays. Cette peur commence à la fin du XIXe siècle. Ce que l’on craint alors, c’est une invasion militaire, guerrière : une invasion des Allemands, qui nous ont battus en 1870 et pris trois départements. Il y a donc une mentalité de peur de l’invasion, et aussi une peur que les immigrés forment une « cinquième colonne », qu’ils trahissent la France.