En France, on meurt parce qu’on est une femme

Jean-Pierre, 58 ans, a choisi un autre mode: il a attendu que son ex compagne, Nicole, 47 ans, sorte d’une supérette et il lui a foncé dessus en voiture. Le mari de Doris, 60 ans, a choisi la batte de base-ball. Après 33 ans de mariage, il la soupçonnait d’infidélité. C’était en janvier dernier. En mars, Frédéric, 86 ans, atteint d’Alzheimer a tué Marcelle, 90 ans, à coups de casserole. Il a déclaré «elle a ce qu’elle mérite. Je l’ai fracassée». Le 12 juin dernier, c’était l’anniversaire d’Émilie, 34 ans. Son mari dont elle venait de se séparer, Guillaume, 37 ans, mécanicien, lui a ligoté les chevilles et les poignets sur les rails d’un TGV Paris/Nantes. D’après l’autopsie, elle était vivante au moment du passage du train. En mai, avec le calvaire de Marion, 41 ans, j’ai découvert la qualification légale de «viol ayant entraîné la mort».

Des femmes que l’on les croise tous les jours

Je me trompais donc sur la nature du phénomène mais également sur son ampleur. Ces femmes tuées par leurs conjoints représentent chaque année environ 20% de ce que le ministère de l’intérieur appelle «les atteintes à la vie». À ce titre, l’effet de liste est glaçant. Ce n’est pas une femme qui meurt tous les trois jours. Cette année, c’est Marion, Noémie, Marcelle, Kelly, Fatima, Jennifer, Rita, Stéphanie, Sylvie, Catherine, Marie-Rose, Hélène, Julie, Blandine. Elles ont tous les âges, de 19 à 90 ans. Elles sont secrétaire, aide-soignante, assistante maternelle, conductrice de car, patronne de bistrot, agricultrice, employée municipale, groom, serveuse.