En France, on meurt parce qu’on est une femme

Un autre point commun à nombre de ces affaires c’est le suicide du meurtrier.

Féminicide?

Quand on prend chaque cas de façon indépendante, on peut y voir un moment de psychose avec en arrière-fond une histoire compliquée. C’est-à-dire des histoires individuelles et privées.

C’est seulement quand on fait la liste, quand on lit à la suite ces histoires qu’on est frappé par leurs points communs dont le principal: ce sont des hommes qui ont tué des femmes. Plus précisément qui ont tué celles qu’ils pensaient devoir être leurs femmes pour toujours. C’est l’accumulation qui fait prendre conscience de l’ampleur du phénomène et de ce sur quoi il repose, en-dehors de la pathologie. Il y a également des femmes atteintes de troubles psychiatriques, pourtant elles assassinent nettement moins souvent leur conjoint. Les femmes représentent 85% des victimes dans les couples et dans près de la moitié des cas où elles tuent leur compagnon, elles étaient victimes de violence de sa part. La folie, longue ou passagère, ne s’affranchit pas des règles du genre, ni des constructions sociales. Elle ne balaye pas tout sur son passage. Au contraire, elle révèle les biais les plus sombres de notre société.

Est-ce qu’en France, en 2017, on peut mourir parce qu’on est une femme? La réponse est oui, sans hésitation

Est-ce qu’en France, en 2017, on peut mourir parce qu’on est une femme? La réponse est oui, sans hésitation. On meurt parce qu’on est une femme et qu’on a voulu être libre. D’ailleurs, les journaux parlent désormais moins de drame passionnel que de «drame de la séparation». Dans la majorité de ces cas, la femme venait de quitter le conjoint ou en tout cas d’en exprimer le désir. Une décision qui était une déclaration de liberté intolérable pour l’homme qui estimait qu’elle lui appartenait. Il la préfère morte plutôt que libre. Dans d’autres cas, la liberté ce n’était pas la séparation mais simplement refuser un rapport sexuel, ou l’avoir peut-être trompé.