Même le site d’info Sidwaya prend quelques pincettes lorsqu’il titre « Fofo Macron », un terme qui signifie « Bienvenu » en fulfulde. Il croit en effet bon de rappeler que « l’hospitalité a toujours été l’une des caractéristiques du pays des hommes intègres. « Malgré nos divergences sur l’opportunité de cette visite pour les Burkinabè, il est de tradition chez nous de rendre le séjour de l’étranger agréable », écrit Rabankhi Abou-Bâkr Zida. Le journaliste se demande d’ailleurs s’il n’y a pas « un changement de perception de la France » à l’égard du Burkina Faso. « Après le séjour de Jacques Chirac en novembre 2004 lors du 10e Sommet de la francophonie, ses successeurs Nicolas Sarkozy et François Hollande n’ont pas daigné y mettre les pieds », note-t-il. Mais, après ce « Fofo » de rigueur, la mise en garde ne tarde pas à tomber : « les Burkinabè et les Africains de façon générale, suffisamment gavés de discours depuis de longues années, n’attendent que des actes à même de changer fondamentalement leur vécu. »
Affaires Sankara et Zongo : les bonnes dispositions de la France
Et puis vient le discours à l’université Ouaga-I-Professeur-Joseph Ki-Zerbo, ce mardi 28 novembre. Comme Barack Obama qui avait choisi de s’adresser aux étudiants d’Accra, capitale du Ghana, pour sa première visite en tant que président sur le continent africain en 2009, Emmanuel Macron – qui s’est déjà rendu depuis son élection sur des théâtres d’opérations militaires au Mali – décide lui aussi de mettre l’accent sur la jeunesse burkinabè. Et juste avant son adresse aux étudiants, ces deux annonces : la déclassification des archives françaises sur l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara ; un engagement à faire « tout pour faciliter » l’extradition au Burkina Faso de François Compaoré, frère de l’ancien président déchu Blaise Compaoré, arrêté en octobre en France dans l’enquête sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998. Avec ces déclarations, « Emmanuel Macron a réussi, avant son grand oral (…), à mettre toute la nation dans les dispositions d’écoute », estime Le Pays.
Un discours qui « a tenu toutes ses promesses »
Un grand oral qui, selon le quotidien burkinabè, « a tenu toutes ses promesses ». Il en retient « deux symboliques fortes ». D’abord, en dépit de « l’hostilité ambiante », « Emmanuel Macron n’a pas craint d’aller livrer son message dans le foyer incandescent de la contestation qu’est le milieu estudiantin ». Ensuite, note Le Pays, le discours s’est déroulé dans « l’amphithéâtre de l’Union africaine réalisée par le guide de la Jamahiriya arabe libyenne, Muammar Kadhafi, dont la mort violente, ironie du sort, est intervenue suite à l’ingérence d’un des prédécesseurs de Macron, en l’occurrence l’ex-président français Nicolas Sarkozy, dans les affaires intérieures de la Libye ».