Le Brésil de Bolsonaro : apocalypse now !

Risquons une triste prophétie : quoi qu’il advienne lors du second tour des élections présidentielles, des gouverneurs et du sénat fédéral, ce dimanche 28 octobre, le Brésil de Bolsonaro– 210 millions d’habitants, 10e économie mondiale – s’achemine inexorablement vers le chaos.

article signé par l’historienne et universitaire  et publié sur le site theconversation.com, le 24 10 2018

Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro (Parti social libéral – PSL) a largement devancé son adversaire, Fernando Haddad (Parti des Travailleurs – PT) au premier tour et a creusé l’écart dans les projections pour le second tour : un sondage daté du 23 octobre le crédite de 57 % des suffrages exprimés contre 43 % pour Haddad. Même si Fernando Haddad, renversait miraculeusement la tendance, il ne fait guère de doute que le verdict des urnes serait immédiatement contesté et que le président-élu ne serait pas investi.

L’un des fils du candidat d’extrême droite, Eduardo Bolsonaro, lui-même élu député fédéral le 7 octobre dernier avec un score historique, ne cache pas le peu de cas qu’il fait des barrières légales et institutionnelles. La Cour suprême ? Il suffirait, selon lui, d’« un soldat et un caporal » pour s’en débarrasser, s’il prenait l’envie à celle-ci de chercher des noises à son candidat de père.

Les possédés, version brésilienne

Même dans cette perspective, il faut espérer que l’instinct de survie et l’amour de leur pays pousseront une majorité d’électeurs à faire barrage à Jair Bolsonaro dont les gesticulations ne détoneraient pas dans Pulp Fiction ou un mauvais show de télé-réalité. Si l’extrême droite doit accéder au pouvoir, autant que ce soit par effraction, comme en 1964, et sans l’onction du peuple souverain.

Dans les rues de Sao Paulo, le 21 octobre 2018. Une électrice de Bolsonaro mime un revolver, le geste qui symbolise le candidat et son programme. Nelson Almeida / AFP

Ce qui est en train de se passer au Brésil est d’une importance capitale pour les démocraties occidentales, déjà rongées par la montée de droites radicales, souvent dites « populistes ». Comment un pays, dont les habitants considèrent à 69 % la démocratie comme le meilleur des régimes, peut-il se précipiter dans les bras d’un ancien capitaine de parachutistes, politicien de troisième zone depuis 30 ans, dont la seule ligne claire, depuis ses débuts en politique, est l’apologie de la dictature, de la torture, du meurtre ?