Le carnage de La Nouvelle-Orléans a été déclenché à l’automne 1890 par le meurtre du chef de la police de la ville, David Hennessy, alors qu’il rentrait chez lui. Sur la foi d’un témoignage très douteux, selon lequel on l’aurait entendu dire qu’il avait été pris pour cible par des “métèques”, la ville a accusé dix-neuf Italiens de complicité dans son assassinat.
L’affligeante faiblesse des éléments à charge apparaît à l’évidence dans les verdicts qui ont été rendus dans la foulée : sur les neuf premiers jugés, six ont été acquittés et les trois autres ont bénéficié d’un ajournement pour défaut d’unanimité dans le jury. Les meneurs de la foule qui s’en est alors prise à eux avaient fait connaître leurs plans à l’avance, sachant parfaitement que l’élite de la ville qui convoitait les commerces créés par les Italiens ou leur en voulait de sympathiser avec les Noirs – ne demanderait jamais justice pour les morts.